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Catholicisme en tensions

Céline Béraud, Frédéric Gugelot et Isabelle Saint-Martin Éditions EHESS, 2012, 326 p., 24 €

Comment le catholicisme gère-t-il les multiples tensions qui traversent la société française à l’heure de l’ultramodernité ? Pour les illustrer, les sciences des religions ont un temps préféré étudier les quêtes de sens dans le bouddhisme, le  bouillonnement des pentecôtistes ou les passions identitaires à propos de l’islam. Revenir au catholicisme leur permet à la fois de réfléchir à ses efforts d’adaptation et d’éclairer les mutations culturelles et politiques de notre modernité. Le livre commence par croiser les analyses dans quatre pays où le catholicisme a été très majoritaire. Si les politiques de dé-sécularisation interne n’ont pas permis aux évêques français de s’adapter à la pluralisation de la base, une gouvernance plus souple a maintenu un dialogue avec l’ensemble de la société française. L’Église espagnole qui a mal résisté à la sécularisation individuelle accélérée à la fin du franquisme a pourtant anticipé la séparation avec l’État ; mais une hiérarchie trop conservatrice est maintenant démunie devant la pluralité religieuse née des récentes vagues d'immigration. À l’inverse, les organisations ecclésiales italiennes ont su diversifier l’offre religieuse tout en maintenant leur intégration. Enfin, la diversité religieuse normée par les lois « d’accommodation raisonnable » finit d’ébranler le catholicisme francophone encore majoritaire au Québec. Le livre permet ainsi d’aborder finement la question de l’avenir du catholicisme dans un cadre sociétal pluraliste. Quelques monographies étudient les petits ajustements pastoraux, entre diacres (un clerc sur deux dans certains diocèses) et prêtres, dans les discussions synodales ou avec l’accueil de la religiosité populaire. Un chapitre explore les revendications de genre jusque dans la liturgie. Un dernier essai fait le point sur l’ex-culturation du catholicisme dans les romans policiers, l’art, les médias et l’université. Une double conclusion développe « le double défi de la décatholiscisation sociétale et de la réforme interne ». En des termes moins savants, les difficultés de l’Église catholique devant le pluralisme sont celles de la société tout entière.

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Bertrand Hériard Dubreuil
6 décembre 2012
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