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Pour un numérique au service du bien commun

Jean-Marie Bergère, François Euvé, Bernard Jarry-Lacombe et Hubert Tardieu Odile Jacob, 2022, 240 p., 17,99 €.

Depuis les débuts d’Internet dans les années 1980, les techniques numériques ont énormément évolué et, de ce fait, complètement bouleversé nos conditions d’existence. Les quatre auteurs tentent de pointer et de réfléchir les questions éthiques et anthropologiques sous-jacentes. Une première partie est plutôt descriptive. Après une reprise de l’histoire du numérique conquérant et l’analyse de l’importance devenue majeure des « data », les transformations conséquentes sur les modes de vie, la politique, l’économie ou la santé,  sont exposées avec leurs mérites et difficultés.

La deuxième partie est alors à même de traiter des enjeux anthropologiques et éthiques. Il s’agit surtout de relations, tant quant à ce qui les structure, comme notre rapport au temps, à l’espace, et à la mémoire, que dans les relations aux autres à proprement parler. On se fait des « amis », mais on peut aussi être harcelé, signe de l’ambiguïté des relations qui s’établissent via le numérique. Ce dernier ne nous laisse pas toujours capables d’user de l’empathie ou de l’intériorité nécessaires pour une saine estime de soi. Sur un plan plus collectif, un chapitre propose un manifeste pour une société désirable : l’environnement comme urgence, la démocratie comme principe, l’inclusion comme exigence.

Enfin, la troisième partie traite du rapport entre numérique et biens communs, à la fois en s’interrogeant sur les « communs » numériques et sur la contribution du numérique au commun. Conclusion : « Ni technophobes ni technolâtres, mais engagés. »

L’ouvrage donne, dans l’ensemble, des aperçus bien renseignés et fait le tour des questions. On pourra souligner deux lignes d’interrogation qui traversent l’ensemble des problèmes envisagés. D’une part, au-delà des mots, l’enjeu du rapport à la parole, s’incarnant dans des échanges réduits et des « like ». Comment entendre une parole quand l’écoute est malgré tout très régulée ? D’autre part, cette question de la régulation inhérente à la technique numérique, et pas seulement les algorythmes, qui impose d’entrée de jeu des positions aux utilisateurs peu avertis.

Émilie Diant
29 septembre 2022
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