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Climat, la démission permanente De « notre maison brûle » à la Convention citoyenne pour le climat, vingt ans de politiques climatiques

Cyrille Cormier Utopia, 2020, 272 p., 8 €

À l’occasion des cinq ans de l’accord de Paris (10 décembre 2020), des activistes d’Action non violente COP21 déploient au Trocadéro un portrait géant, détourné, d’Emmanuel Macron. Un incendie brûle au dos du président de la République et on lit, en bandeau : « Paris Agreement in flames : Macron looks away ». La dissonance entre la communication très positive de l’Élysée sur le sujet et la critique de la société civile est manifeste. C’est ce décalage que Cyrille Cormier, ancien responsable des campagnes énergie et climat de Greenpeace France, met en exergue dans son premier livre – un essai clair et accessible. Comme l’explicite le sous-titre, l’auteur remonte au second mandat de Jacques Chirac, dont l’allocution lors du Sommet de la Terre de Johannesburg (2002), s’ouvrait par : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. ». La formule a frappé les esprits, mais n’a guère été suivie d’effets.

Comme le dit Cyrille Cormier, depuis, chacun des présidents français a connu ce qu’il nomme, non sans humour, une « épiphanie climatique ». Mais l’auteur ne ménage aucun suspens ; dès l’avant-propos, il assène : « Non seulement les dirigeants français n’ont intégré ni la réalité des causes ni l’ampleur des impacts du changement climatiques dans leurs politiques, mais ils ont agi avec cynisme, installant vis-à-vis des Français une communication trompeuse. » Au niveau national, ce décalage peut conduire à une perte de confiance dans la parole et l’action de l’État, mais aussi à l’impossibilité de trouver un consensus écologique réel entre les Français. Au niveau international, il n’honore pas une position qui imposerait à la France « de prendre une large part dans la résolution de la crise climatique », un point sur lequel insiste également François Gemenne dans sa préface. La vigueur de la critique est à la hauteur des attentes placées dans l’État, dont le rôle devrait être de « définir le cadre d’une transition [écologique] protégeant les plus vulnérables », en jouant sur la fiscalité, la planification et la régulation. Aux yeux de l’auteur, une double rupture serait à opérer, au niveau économique et au niveau politique. Présente en filigrane, celle-ci est exposée dans les deux derniers chapitres de l’ouvrage. Un président qui voudrait vraiment « jouer au good COP21 », pour paraphraser le titre d’un article de Libération, pourra-t-il s’en passer ?

Jean Vettraino
25 février 2021
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