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Jeunes migrants : le temps de l’accueil Points de rencontre, points de passage

Julien Bricaud et Xavier Crombé (dir.) Chronique sociale, 2020, 156 p., 14,90 €

La place des « mineurs non accompagnés » devient importante dans les migrations, non seulement en termes quantitatifs (14 % des 258 millions de migrants en 2017), mais aussi comme défis singuliers : attaque raciste en Grèce contre un hébergement de jeunes migrants, décisions judiciaires au niveau étatique ou européen. Crise de l’accueil, certes, et l’on connaît trop bien les failles et les déficits administratifs à leur sujet dans notre pays. Mais « l’hospitalité persiste ».

Il y a beaucoup de finesse, de délicatesse, et même peut-être de tendresse dans cet ouvrage qui, sans méconnaître les questions administratives, s’interroge avant tout sur le temps et les moyens de l’accueil de ces jeunes, sur leur expérience concrète. Les raisons de leur départ, les conditions de leur déplacement montrent que la migration des jeunes est aussi une réponse aux crises et une condition de leur émancipation. L’un des premiers enjeux de l’accueil consiste à sortir du chaos de l’urgence en tentant de réussir des rencontres, de se risquer dans des relations. Mais il faut alors disposer d’une langue pour la rencontre, qui offre l’avantage d’un code commun et la possibilité de partager expériences et perceptions. C’est bien sûr la question des repères fondamentaux qui est en jeu, notamment à travers le rapport au fait religieux – à prendre en compte dans l’action éducative pour faire de sa fonction humanisante un allié.

Autre aspect, la vulnérabilité de jeunes fragilisés par la décision de partir et par les conditions de leur voyage, de leurs failles et de leurs ressources propres. L’hospitalité est une première forme de soin, dans la mesure où elle ouvre à une relation éprouvée comme fiable, où l’écoute « abstinente » (qui ne veut pas tout savoir) permettra peut-être un cheminement. Avec des jeunes, la question de la place des familles joue un rôle important : dans leur « devenir adulte », les questions familiales persistent, alors qu’ils apprennent à s’affilier d’une autre manière à un autre monde. Finalement, accueillir des jeunes, c’est leur faire une place, tisser des liens, ouvrir des espaces de rencontre et d’écoute de manière bienveillante. Un double effort : aller vers l’autre pour signifier cette bienveillance et se tourner vers le nouvel environnement, le nôtre, pour l’aménager et le rendre utile.

Jean-Marie Carrière
26 février 2021
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