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Quand les hommes se prennent pour Dieu

Jacques Arnould Salvator, 2020, 144 p., 14,80 €

« Le Christ est-il un cyborg ? » Que serait une humanité sans expérience charnelle, biologique, une humanité désincarnée ? « Et que deviendrait Dieu si nous pénétrions plus franchement en Transhumanie ? » Ceux qui imaginent confier leur esprit à un réseau informatique recherchent-ils l’Éden ? Ces multiples questions parcourent ce petit livre de réflexion sur le transhumanisme. Jacques Arnould, avec pédagogie et sens de la nuance, procède ici – c’est l’originalité de son texte sur un sujet tendance – en théologien. Comment le message biblique peut-il être relu à la lumière trouble et troublante du transhumanisme ? Et comment, en retour, peut-il interroger le transhumanisme, dont les dimensions foncièrement individualistes et fantasmatiques sautent aux yeux, en retour ? En quoi ce projet « fascinant », pour reprendre le mot du préambule, touche-t-il à la dimension théologique de tout être humain ? À quel moment la transformation de l’humain – humain qui se transcende lui-même – lui ferait perdre son humanité ? En projetant d’acquérir jusqu’aux attributs des dieux – l’immortalité, l’omniscience –, les transhumanistes semblent franchir des limites littéralement sacrées. D’où l’emploi fréquent par l’auteur du terme « transgression ». Mais ce désir n’est-il pas inscrit en nous ? Ne correspond-il pas au mouvement même de notre évolution ? Pierre Teilhard de Chardin ne voulait-il pas « aller toujours plus outre » ? Ce délire n’est-il pas une manifestation de notre liberté ? Liberté voulue par Dieu selon les chrétiens, ce qui fait dire à l’auteur que « Dieu est nu face à nous les êtres humains ». Ou bien le transhumanisme ne parle-t-il que de notre nudité originelle, de nos craintes ancestrales – maladie, déclin physique et psychique, mort ? Tout en rendant hommage à Dieu, Jacques Arnould se garde des réponses tranchées comme des pièges polémiques. Mais il est persuadé que les transhumanistes qui voudraient « jouer » à Dieu se trompent : ils « courent seulement le risque d’une autre expérience, d’une autre épreuve, celle de leur propre humanité ». En définitive, le transhumanisme nous renvoie à nous-mêmes.

Jean Vettraino
25 juin 2020
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