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Petit manuel pour une géographie de combat

Renaud Duterme La Découverte, 2020, 208 p., 14 €

Cet essai propose une lecture marxiste et géographique de la mondialisation en cours, à la fois travail de vulgarisation et outil de lutte anticapitaliste. Renaud Duterme, enseignant de géographie en lycée et membre du CADTM (Comité pour l’abolition des dettes illégitime), souligne que la dimension spatiale est indispensable à la compréhension du capitalisme et que toute lutte locale conséquente comporte, intrinsèquement, une dimension globale. Quel que soit le domaine envisagé – alimentation, énergie, finance… – les initiatives locales ne peuvent éviter de se confronter aux structures et infrastructures, publiques et privés, qui les régissent. L’auteur s’appuie sur de grands intellectuels marxistes, au sens large. Citons le sociologue Alain Bihr, le géographe David W. Harvey, l’historien Lewis Mumford ou encore l’économiste Ernest Mandel ; les travaux de géographie économique de Christian Vandermotten, Guilhem Boulay ou Antoine Grandclément ; la pensée d'Ali Laïdi relative à la « guerre économique »... Renaud Duterme montre que les contradictions inhérentes au capitalisme – produire toujours plus dans un monde fini ; écouler la production alors même que le marché est saturé et/ou que les rémunérations sont trop basses pour permettre aux travailleurs de consommer – sont notamment surmontées via la géographie. Ainsi, depuis cinq siècles, l'exploitation de nouvelles ressources et l'ouverture de nouveaux marchés ont permis au capitalisme de surmonter ses crises, de se réinventer et d’étendre son emprise. Il n’y a aucune évidence du phénomène ; c’est par la force et la contrainte, par la guerre et la dévastation parfois, qu’il a pu se mondialiser. L'auteur de La Dette cachée de l'économie (Les liens qui libèrent, 2014) et De quoi l'effondrement est-il le nom ? (Utopia, 2016) retrouve sa sensibilité aux questions environnementales dans le dernier chapitre « Un regard spatial sur l'urgence écologique ». Que l’on partage ou non l’idéologie de ce petit manuel à la couverture rouge, ce dernier constitue une introduction accessible à une pensée anticapitaliste de la mondialisation et un exemple, à parfaire, d’un usage non académique de la géographie.

Jean Vettraino
6 avril 2020
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