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Théologie de la migration

Revue Théologiques, volume 25, n° 2, 2017.

De quoi parle-t-on lorsque l’on évoque une théologie de la migration ? En 2017, la revue Théologiques se posait la question, dans un numéro aujourd’hui en accès libre. Il existe, certes, un discours de l’Église catholique sur les migrants et les phénomènes migratoires, depuis presque deux siècles. Discours que l’on qualifie de « doctrine sociale », puisqu’il se confronte à des questions sociales, migrations, écologie, politique. Certes, il y a une théologie de la libération, élaborée à partir des engagements et des réflexions de théologiens dans l’aire latino-américaine. Mais une théologie de la migration ? La théologie n’est pas une science abstraite, perdue dans le ciel des idées, vouée à déployer des concepts éternels. Elle s’approfondit et s’affine par la manière dont les croyants affrontent les contextes dans lesquels ils vivent, avec les autres humains, et les questions qui se posent à nous tous. Le mouvement migratoire, entendu comme cette expérience singulière vécue par plus de 65 millions de personnes sur notre terre, et qui interroge les habitants des sociétés d’accueil, n’est-il pas un lieu pour la foi en Dieu ? La revue Théologiques se propose de faire avancer une telle théologie, par une série d’articles centrés sur la migration, qui est, sans aucun doute, une des questions les plus débattues actuellement dans notre monde. Différents points de vue ouvrent plusieurs pistes, creusent celles déjà ouvertes. L’expérience du migrant, tout d’abord : à partir de l’expérience africaine, chercher et rencontrer Dieu entre frontière, manque et paradoxe ; le réfugié a-t-il quelque chose de commun avec le pèlerin ? La question de l’hospitalité, ensuite : qui comporte un risque, celui de la confrontation à l’étrangéité (sic) ; des caractères singuliers de l’hospitalité, discernés à partir des relations internes à la Trinité. À noter, un bel article (en anglais) sur la Guest Christology d’un théologien nigérian presbytérien : le Christ est en premier lieu l’invité, avant d’entrer dans le cercle des relations proches, et avant d’être le Seigneur. Enfin, bien sûr, une réflexion pastorale, à destination des communautés d’accueil : l’exemple du Québec et du Centre Justice et Foi ; l’adaptation des formes d’autorité dans les communautés accueillant des immigrés, en raison des différences culturelles. Ainsi, tant l’analyse des situations d’accueil ou de déplacement, des relectures bibliques, voire un concept hérité de la tradition (la Trinité), mettent en évidence combien la réflexion théologique peut avancer, en relation de réciprocité, en prenant en compte les défis que nous lancent les migrations. Et Dieu lui-même, alors ? Se révèle-t-il de manière particulière dans ces expériences ? Dans la Bible – dont Benoît de Sinety suggère que l’ADN est précisément l’exil – dans la Lettre aux Hébreux, on lit à propos des « voyageurs sur la terre » : « Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu » (11,16). Qui est-il donc, ce Dieu qui se fait connaître comme tel dans la vie des exilés et déplacés ?

Jean-Marie Carrière
4 mars 2020
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