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Un nouvel âge jeune ? Devenir adulte en société mobile

Jean Viard L’aube, 2019, 64 p., 6.50 €

Le titre s’explique dès les premières pages de ce tout petit livre : il traite en effet d’un allongement de ce qu’on appelle « la jeunesse ». L’idéal d’une « stabilisation » acquise au travers du mariage, de l’obtention d’un CDI et de l’accession à la propriété, étapes marquant symboliquement et traditionnellement la fin de la jeunesse, a pris du plomb dans l’aile. Du fait de l’allongement des études, du report de la fondation d’une famille et de l’alternance entre expériences professionnelles, voyages et études, on ne devient plus adulte comme avant.

Jean Viard estime ainsi que nous aspirons à un nouveau séquençage de la vie, à une nouvelle « arythmie ». Selon lui, « cette course au temps individuel long et multi-usage va se poursuivre, car elle est la vie même. La question est celle de sa démocratisation et de la gestion des passages et des ruptures ». L’auteur appelle de ses vœux une véritable politique de la jeunesse privilégiant une libre disposition de son temps tout en soulignant sans cesse la précarisation qui accompagne souvent la possibilité de « zapper » d’une activité à l’autre : culture de l’immédiateté, porosité de la vie professionnelle et personnelle, recomposition des familles… Pour fluidifier le déroulement de la vie sans la précariser et donner à la jeunesse un véritable statut, Jean Viard avance quelques propositions concrètes comme l’instauration d’un revenu universel jeune, mais aussi la légalisation du cannabis, qui permettrait, selon lui, de sortir de la précarité tous ceux qui exercent actuellement une activité illégale dans ce domaine…

L’auteur interroge l’ubérisation et l’accélération de la société moins sous l’angle de la précarité qui souvent les accompagne que sous l’angle de nos aspirations. Il décrit, par exemple, comment des entreprises telles que Deliveroo ou des contrats d’apprentissage peuvent répondre à de véritables besoins, notamment chez les étudiants. Pour autant, plaider pour une démocratisation de ces modes de vie sans chercher à « rentabiliser » chaque interstice de nos existences est une ligne de crête bien difficile à tenir.

Agathe Mellon
30 janvier 2020
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