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Pour une écologie numérique

Éric Vidalenc Les petits matins, 2019, 128 p., 14 €

L’ouvrage d’Éric Vidalenc est centré sur le rapport entre la transition énergétique, imposée par l’urgence de décarboner, et la chance qu’offre ici le numérique. Il reprend l’idée que Jeremy Rifkin, développe notamment dans La troisième révolution industrielle : comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde (Les liens qui libèrent, 2012) et dans son travail de consultant auprès de divers gouvernements européens. Si cette convergence est intéressante, elle ne s’impose pourtant pas avec la clarté d’une évidence tombée du ciel et elle peine à s’imposer dans les faits.

L’auteur détaille les applications ouvertes par le numérique dans la domotique, les compteurs connectés, les économies réalisables dans l’industrie sans oublier l’agriculture, les smart cities et les voitures branchées : sujets déjà connus mais encore au stade des balbutiements. Le livre aborde ensuite une critique du numérique en reprenant des thèmes importants comme les flux d’information continus qui altèrent la réflexion réelle et accompagnent le désastre au lieu de l’éviter, la disruption (uberisation) qui déplace les problèmes sans les résoudre, l’intelligence artificielle (IA) qui s’appuie plus sur une analyse statistique que sur un véritable processus d’innovation. Par ailleurs, le numérique ne sait pas gérer ses déchets (batteries non recyclables) et épuise les ressources en métaux rares. Il s’affranchit des régulations normales tout en étant vulnérable aux attaques et tricheries de masse (fraudes sur les normes de pollution automobile). Les pistes proposées pour répondre à ces critiques ne surprennent pas : nouvelle sobriété, meilleur recyclage, transparence des logiciels (thèse de Cédric Villani) et, surtout, souveraineté numérique européenne permettant de réguler l’ensemble du secteur indépendamment d’opérateurs extérieurs. En conclusion, l’ouvrage renvoie aux utopies classiques de décentralisation, d’autonomie, d’autoconsommation et d’empathie sociale inspirées là encore des travaux de Rifkin, Une nouvelle conscience pour un monde en crise : vers une civilisation de l’empathie (Les liens qui libèrent, 2011).

On regrette l’absence d’une réflexion sur le coût énergétique des serveurs mondiaux et sur l’effet de surveillance capitalistique des grands opérateurs qui peuvent menacer les formes démocratiques des décisions publiques.

Jean-François Chaintreau
27 janvier 2020
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