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La crise de l’accueil Frontières, droits, résistances

Annalisa Lendaro, Claire Rodier et Youri Lou Vertongen (dir.) La Découverte, 2019, 350 p., 25 €

La « crise » comme moment historique difficile, crucial, voire dramatique ou conflictuel est un terme qui convient sans doute pour caractériser les mouvements globaux et durables de migration et les politiques qui y sont confrontées. Mais de quelle crise s’agit-il ? L’introduction de l’ouvrage décline des points d’interrogation : crise des réfugiés ? Crise de l’accueil ? Crise de la gestion des contrôles ? Crise de la solidarité ? Ces divers aspects sont analysés selon trois points de vue. D’abord, les catégories de la crise, en particulier celles que mettent en œuvre les législations, les administrations, tout autant que l’opinion publique sous la pression des médias – à noter ici, l’intéressante contribution d’Annalisa Lendaro : « Le réfugié, le migrant économique et le passeur. Ce que catégoriser veut dire ou le poids des mots ». Puis, second point de vue : les frontières, les ouvertures et fermetures. Cette partie offre des contributions plutôt sur des lieux : Bulgarie, Royaume-Uni, Grèce avec une belle analyse comparative sur les « hotspots » à Lesbos et à Lampedusa ainsi qu’à la frontière franco-italienne. Enfin, les contraintes, les adaptations et les résistances. Caroline Kobelinsky, auteure d’un ouvrage remarqué sur l’attente pesant sur la vie des demandeurs d’asile, porte ici son attention sur le traitement des morts autour de l’enclave de Melilla. Dans un contexte international qui ne laisse pas prévoir une diminution des déplacements, ces contributions critiquent avant tout la pertinence des dispositifs de contingentement de la mobilité humaine. Dans sa conclusion, Danièle Lochak met en lumière la contradiction actuelle d’un droit international inachevé et asymétrique. S’il affirme clairement les droits fondamentaux qui appartiennent tout autant aux déplacés et aux exilés qu’aux autres, les moyens dont il dispose (comités internationaux ou cours de justice) ne sont guère contraignants pour les rendre effectifs. On bute ici, encore une fois, sur la conception de la souveraineté des États et la quasi-impunité dont ils bénéficient dès lors.

Jean-Marie Carrière
29 octobre 2019
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