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Le soin est un humanisme

Cynthia Fleury Gallimard, 2019, 48 p., 3,90 €

La nouvelle collection « Tracts » de Gallimard (ce petit ouvrage est le numéro 6) accueille des essais susceptibles de nourrir nos débats de société et d’enrichir en 48 pages (45 minutes en lisant lentement) notre compréhension de notre monde si complexe. Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, se propose de parler du « soin ». Quel horizon ouvre-t-il, aujourd’hui, à l’heure où l’on n’a plus de temps que quantifié et monétisé ? La démonstration, faite à l’origine pour les membres de la chaire de philosophie à l’Hôpital de Paris, s’ancre dans une compréhension de l’Homme comme être de relation : « Il est responsable de tous les hommes ». Dans son travail, il n’est pas seulement gestionnaire : il développe « un mode d’attention aux choses » et aux autres, et c’est ainsi qu’il érige son humanité. Voilà pourquoi il est si important de rendre chaque individu « capacitaire », c’est-à-dire capable de relation et de souveraineté sur soi. Voilà pourquoi aussi il est si urgent de comprendre que notre vulnérabilité intrinsèque n’est pas un handicap, mais la source d’où peut jaillir l’attention à l’autre. En ce sens, le « soin » fait notre humanité, nous confirme dans notre « irremplaçabilité » et nous permet de construire un monde commun. Ce « soin », c’est l’attention de chacun aux autres, mais c’est en particulier le soin des malades, et Cynthia Fleury plaide ardemment pour que ce soin soit possible, réfléchi, renforcé, entre autres par l’alliance entre les métiers de la santé et les humanités. Le soin suppose la reconnaissance de la vulnérabilité, sans victimisation. Il appelle la construction d’un monde d’individus présents au monde et non seulement « soignés » au sens d’une réduction à « leur vérité animale et multiple ». En somme, Cynthia Fleury ouvre avec confiance l’horizon d’une belle humanité et d’un monde en partage. Dans cet essai, elle confirme son intelligence et y dévoile une sensibilité de soignante et le langage presque poétique de ceux qui côtoient la douleur.

Louise Roblin
16 septembre 2019
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