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Nouveau portrait de la France La société des modes de vie

Jean Viard Éditions de l’aube, 2019 [2011], 176 p., 13 €

« Dans notre société de plus en plus organisée par le temps des études, les loisirs, la télévision, les vacances, les temps libres, la retraite…, nos modes de vie, nos attentes individuelles, nos rêves privés sont devenus de grands transformateurs sociaux et territoriaux […] Aujourd’hui la société a deux maîtres : le travail bien sûr, mais aussi à part quasi égale, le temps de non-travail. » C’est ainsi que commence l’essai du sociologue Jean Viard. Réédité en 2019, il éclaire toujours avec pertinence les débats et événements récents. Certes, il s’agit d’un portrait impressionniste. L’auteur se livre régulièrement à l’énumération de tendances ou de ressentis, au risque de tomber dans la généralité et la répétition. Mais au fil des pages il amène à regarder autrement ce qui semblait évident. En voici quelques exemples : avec l’allongement de la durée de vie, nous ne passons plus que 10 % de notre temps de vie au travail. Ce qui signifie que nous avons, en moyenne, quatre fois plus de temps « libre » (hors sommeil et hors travail) qu’il y a un siècle. Les âges, les sociabilités, les pratiques culturelles et les attentes en ont été bouleversés. Par ailleurs, nous parcourons en moyenne 45 km par jour, neuf fois plus qu’en 1950 ! L’espace de nos existences est donc plus éclaté que « l’espace compact » arpenté par la majorité des Français il y a moins d’un siècle. L’essor du tourisme a transformé nos représentations, entraînant des dynamiques territoriales nouvelles, favorables au Sud plus qu’au Nord, ainsi que des exigences nouvelles concernant le logement. L’urbanité, autrefois monopole des villes, s’est répandue jusque dans les campagnes, donnant naissance à une « ville nuage » rendue possible par la mobilité, physique ou virtuelle. Le portrait est évidemment partiel (alors que la grille de lecture s’y prête, l’auteur ne consacre que quelques banalités aux impacts environnementaux) mais il est stimulant, faisant la part belle à l’espace et aux temps sociaux pour comprendre ce qui anime les territoires et leurs habitants. Par cette perspective et hauteur de vue, l’essai nous rappelle le Voyage au pays de l’utopie rustique d’Henri Mendras. Comme lui, il écarte momentanément l’exercice scientifique pour s’adresser avec optimisme à une audience plus large et l’inviter à renouveler son regard sur le monde.

Louis de Bonnault
29 août 2019
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