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Airvore ou la face obscure des transports Chronique d’une pollution annoncée

Laurent Castaignède écosociété, 2018, 344 p., 25 €

D’après l’Agence internationale de l’énergie, les transports représentent un quart des émissions mondiales de CO2. Ils sont le deuxième contributeur de gaz à effet de serre, derrière la production d’énergie et devant l’industrie. La question méritait donc un examen approfondi et Laurent Castaignède, ingénieur conseil climat-air-énergie, fort de dix ans d’expérience chez Renault, relève ce défi avec brio.

Il retrace d’abord l’histoire du développement du moteur de 1 800 à nos jours, parcourant non seulement l’histoire des industries et de leurs productions, mais aussi celle des pollutions et des dispositifs (techniques et légaux) qui leur sont opposés. À travers l’histoire d’un objet technique, le lecteur est aussi introduit à une histoire des mentalités modernes, l’auteur liant bien phénomènes techniques et sociaux (consumérisme, urbanisation, emprise de la vitesse, etc.). Dans un deuxième temps, il fait le point sur les perspectives qui se dessinent. Le lecteur est renseigné sur l’éventail des conséquences environnementales (sanitaires et climatiques principalement) et leurs trajectoires. Il se livre, sans sacrifier à la rigueur, à une « analyse vulgarisée » des mesures et des innovations qui promettent de rouler toujours plus… en polluant moins. Manque de pot, le salut ne viendra pas de la technique. Pour autant, l’auteur ne laisse pas son lecteur sur un simple constat alarmiste. Il consacre une troisième partie à proposer des mesures réalistes pour défier les pronostics : responsabilité des producteurs, gestion globale et harmonisée des carburants, lutte contre le gaspillage, partage, « marketing de la sobriété », sanctuarisation des réserves… Un glossaire technique et une annexe des « libertés » prises par les constructeurs automobiles complètent l’ouvrage ; le néophyte ne pourra que s’en réjouir ; il regrette seulement l’absence d’un index qui permettrait de retrouver des informations précises.

Alliant expérience de l’ingénieur et érudition historique et sociologique, technique sans être indigeste, critique sans perdre en réalisme, proposant des pistes pour qui veut prendre le problème à bras-le-corps (au niveau local, national ou international), le livre est à conseiller à tous ceux qui se sentent concernés par l’environnement. Faisant la somme de nombreuses connaissances, il invite à approfondir le sujet en tirant le fil de l’économie des matières premières, de la géopolitique, de l’écologie politique ou de la sociologie de la consommation.

Louis de Bonnault
27 juin 2019
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