Une autre fin du monde est possible Vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre)
Gauthier Chapelle, Pablo Servigne et Raphaël Stevens Seuil, 2018, 336 p., 19 €Vivre un effondrement de notre civilisation sans soi-même s’effondrer, est-ce seulement possible ? Ce livre répond que oui. Il fait suite à Comment tout peut s’effondrer, publié en 2015, et résulte de « l’envie de se préparer à vivre les conséquences des catastrophes en cours […] en recherchant prioritairement […] un sens à tout cela ». Au-delà de la « collapsologie » (l’étude transdisciplinaire de l’effondrement potentiel de notre civilisation industrielle), ce livre bien documenté propose une autre voie : la « collapsosophie ». Autrement dit, accepter de vivre ce qui vient avec sagesse, en laissant sa place à la conscience, à l’intériorité et au spirituel. Malgré la profondeur et la gravité des sujets évoqués, cet ouvrage ne verse pas dans le catastrophisme. Appliquant le baume de l’acceptation sur les blessures ouvertes par une prise de conscience parfois brutale de la situation, il réussit l’exploit de ne pas être déprimant. Sa grande force est de considérer l’avenir comme désirable, pour tout incertain et effrayant qu’il soit. Alors, comment « vivre l’effondrement » ? Première étape, « se relever » : vivre les catastrophes, subir les ondes de choc, apprendre la résilience et aller de l’avant. Deuxième étape, « faire un pas de côté » pour mieux appréhender les événements : décloisonner les savoirs, élargir son horizon, s’ouvrir à d’autres visions du monde. Troisième étape, sacraliser le lien : avec soi, entre humains, avec les autres qu’humains et avec plus grand que soi, en cherchant toujours et avant tout à pacifier les relations. En décryptant ces différentes phases, l’ouvrage permet au lecteur de se situer dans son cheminement personnel, de comprendre que les sentiments ressentis sont partagés et d’avancer. « Prenez ce livre comme une visite dans un immense potager sauvage » : à défricher, à creuser, à laisser mûrir.
7 mars 2019