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La fabrique de la radicalité Une sociologie des jeunes djihadistes français

Laurent Bonelli et Fabien Carrié Seuil, 2018, 312 p., 20 €

Beaucoup d’analyses ont été produites par des journalistes ou des chercheurs après l’attaque de Charlie Hebdo en 2015 et les attentats violents qui ont suivi. Mais peu d’études se sont consacrées aux caractéristiques sociales de ceux qui s’engagent dans le djihadisme. Qui sont les jeunes djihadistes français, d’où viennent-ils et quel environnement les mène à adhérer à une idéologie radicale ? Laurent Bonelli et Fabien Carrié, en s’appuyant notamment sur 133 dossiers judiciaires de mineurs poursuivis et sur une cinquantaine d’entretiens avec des professionnels, leur donnent un visage au fil des sept chapitres. Du contexte familial aux cercles de socialisation, on suit ainsi divers profils, d’une radicalité assimilée à une forme extrême de revendication. Issu d’un rapport remis à la ministre de la Justice en mars 2018, l’ouvrage distingue quatre formes de radicalités : celle des « révoltés » (qui peuvent tendre vers une radicalité « apaisée »), celle « agonistique », « rebelle », ou encore « utopique » (autorisant le passage à l’acte par plus de la moitié des cas étudiés). Ce panorama souligne l’importance du rôle de l’institution dans les phénomènes d’embrigadement (qu’elle soit trop forte, absente, ou généralement inadaptée), et nous conduit à réfléchir aux origines, parfois proches de nous, de l’engagement extrême. Face à ce constat, il est dommage que les auteurs n’entraînent pas les lecteurs sur des voies de réponse. Ils permettent toutefois de comprendre l’ampleur du phénomène, bien loin des idées reçues et souvent simplistes qui prétendent expliciter l’acte djihadiste.

Alice Corbet
17 décembre 2018
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