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L’étranger qui vient Repenser l’hospitalité

Michel Agier Seuil, 2018, 156 p., 17 €

La mobilité internationale, comme phénomène durable qui marque notre époque, se caractérise par le fait que se déplacer, voire partager un monde commun, est devenu techniquement réalisable, mais politiquement difficilement applicable et acceptable. En témoignent les migrants, invisibles à nos yeux, inaudibles à nos oreilles, bien qu’étonnamment surreprésentés dans les médias. Devant les difficultés, voire l’hostilité des gouvernants à faire face de manière cohérente aux figures de la migration, des citoyens multiplient les initiatives et font revivre la vieille tradition de l’hospitalité. Ce qui n’est pas seulement un geste d’humanité, mais aussi une manière d’entrer en politique. Le conflit permanent entre l’acosmisme de la mondialisation et la recherche d’un monde commun oblige à repenser l’hospitalité et l’idée kantienne de la cosmopolitique qui la soutient. Outre le recours à l’histoire, à la tradition et à la philosophie, l’ouvrage de Michel Agier présente l’intérêt de conduire cette démarche du point de vue de l’anthropologie. Le geste volontariste de l’hospitalité décline la solidarité à travers des rencontres d’un type nouveau ; les communes ébauchent une hospitalité adaptée à la mobilité internationale ; les villes prennent en compte la migration comme un fait urbain qui les concerne. Si l’étranger qui vient requiert de penser autrement la place de chacun et les relations nouvelles que cela implique, l’hospitalité est bien le geste juste qui répond à cette exigence. La remise en cause de l’imaginaire national qu’elle provoque demanderait cependant une réflexion complémentaire d’ordre davantage politique sur le « dilemme des frontières ».

Jean-Marie Carrière
22 décembre 2018
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