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La vie oubliée Crise d’extinction : agir avant que tout s’effondre

Mahaut et Johannes Hermann Première partie, 2018, 160 p., 10 €

Ce petit livre est écrit par les nouveaux responsables des pages « Écologie » de la revue Limite. Leur constat (et leur combat) est simple mais noble : « Nous commençons à prendre la mesure du changement climatique, mais la perte de biodiversité ne suscite que de l’indifférence ou, pire, de la résignation. » Et pourtant, nous ne pouvons pas nous passer de cette biodiversité : non seulement la survie de l’homme n’est possible qu’avec elle, mais aussi son humanité même dépend de son interaction avec cette altérité, pas si dissemblable. Mais alors pourquoi des catholiques « si actifs dans la lutte contre le réchauffement climatique » et souvent engagés « dans la protection de la dignité humaine, dans toutes ses dimensions » sont-ils incapables de s’emparer de la question de la biodiversité ? Après une présentation de ce qu’est l’écologie scientifique (et donc aussi de ses constats alarmants), nos deux auteurs se penchent sur les causes du déni de la crise de la biodiversité. Ils se demandent en particulier pourquoi les réactions sont si faibles parmi les catholiques. Ceux-ci partagent avec tout l’Occident des raisons de ne pas reconnaître une valeur propre à la biodiversité (c’est l’héritage de la raison instrumentale de Descartes), mais ils trouvent aussi des justifications dans le récit de la Genèse (« remplissez la terre et soumettez-la »). Pour réconcilier la vocation de l’homme dans la Création avec la juste place à accorder aux non humains, il y a donc une connaissance à développer du rôle que la parole de Dieu donne aux créatures non humaines. Plus largement, il s’agit de dépasser l’utilitarisme, cette vision qui place l’homme au sommet d’une pyramide : les auteurs prônent hardiment une conception de l’homme au cœur d’un réseau, insistant sur le fait qu’il « s’agit maintenant d’intégrer que la double réalité, la double vocation biologique et mystique » de l’homme « existe aussi à sa manière pour toute autre créature vivante. Cette vocation mystique de chaque créature est connue, elle nous concerne aussi, c’est la louange. » Car non, révoquer l’image de la pyramide ne nous fera pas automatiquement tomber dans l’antispécisme ou autres biocentrismes excessifs ! Explorant ensuite l’Écriture et la tradition judéo-chrétienne, Mahaut et Johannes Hermann s’attellent à « une conversion écologique des mentalités et des actes ». Et cette conversion de notre rapport à la biodiversité commence tout simplement, par la connaissance : « Il suffit de savoir quelque peu la nommer pour que tout notre regard soit transformé. Un monde à explorer s’ouvre. »

Louise Roblin
13 novembre 2018
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