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Le Parlement européen au Travail. Enquêtes sociologiques

Sébastien Michon (dir.) 2018, Presses Universitaires de Rennes, 241 p., 24 €

Les élections européennes approchent et il sera bientôt temps pour nous d’élire les 79 représentants français au Parlement européen pour la législature 2019-2024. A l’époque où je travaillais comme assistante parlementaire au Parlement européen, j’ai souvent entendu mes collègues se lamenter : « Ici il n’y a que 20% de députés qui bossent. Le reste, ce sont des touristes ». Y aurait-il donc une inadéquation entre les candidats proposés par les partis sur leurs listes et les compétences exigées par un mandat de député européen ? Mais quel est le profil idéal pour un eurodéputé ? On trouvera de nombreux éléments de réponse dans Le Parlement européen au Travail, une série d’enquêtes sociologiques publiée sous la direction de Sébastien Michon. Le point de départ de l’analyse est le constat de la spécificité du Parlement européen : plus qu’un lieu centralisé du pouvoir politique, il appartient à un « champ bureaucratique » qui fonctionne comme « un lieu de fabrication de convergences et de gestion des divergences d’intérêt ». D’ailleurs, « le Parlement se technicise à mesure qu’il gagne en pouvoir ». L’enquête dresse le constat, à propos de l’étiquette politique des députés au Parlement : « plus on est aux marges, plus on s’investit politiquement, plus on est au centre plus on l’investit bureaucratiquement, c’est-à-dire par le contrôle de la machine ».

D’où la nécessité pour un eurodéputé de disposer ou d’acquérir deux qualités essentielles : l’expertise et la capacité d’atteindre le compromis. Dès lors les eurodéputés présentent des profils très spécifiques : intellectuels, internationalisés et féminisés. Par ailleurs, celles et ceux qui parviennent le plus à s’imposer au Parlement sont ceux qui sont le moins captés par un mandat local ou une ambition de carrière nationale, qui appartiennent aux principaux groupes politiques (S&D, PPE, ADLE, Verts) et qui enchaînent plusieurs mandats.

Le jargon de l’analyse sociologique peut parfois s’avérer hermétique aux non-initiés. Mais il offre une mine d’informations à tous les observateurs et commentateurs, notamment dans les médias, qui ambitionnent d’expliquer les véritables enjeux des prochaines élections européennes.

Johanna Touzel
19 septembre 2018
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