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Violence, paix et réconciliation. Comment dépasser les conflits et le désir de vengeance

Olivier Abel Temps Présent, 2018, 92 p., 5 €

Le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), qui veut « bâtir une société de paix », est à l’origine de ce livre. Trois textes y sont juxtaposés, qui diffèrent par leur nature, leur niveau d’analyse et leur(s) auteur(s). D’abord, Maurice Vaïsse, professeur émérite d’histoire des relations internationales et auteur du manuel La paix au XXe siècle (2004), s’interroge dans la préface : « Comment faire la paix ? ». Ensuite, une série de témoignages poignants. Celui de Raphaël Esrail, ancien résistant et déporté, est suivi de ceux – recueillis par Modus Operandi, association spécialisée sur la question des conflits – de Rwandais et de Congolais qui ont connu l’horreur des massacres et l’exil. Enfin, la transcription d’une conférence de 1999 du professeur de philosophie et d’éthique Olivier Abel, intitulée « Le désaccord fondateur. De la permanence et du dépassement des conflits ». C’est au lecteur de faire les liens entre ces trois parties. Au niveau international, si la « gouvernance mondiale reste un mythe », les interdépendances croissantes pourraient favoriser des normes juridiques communes potentiellement porteuses de paix ; et l’Europe d’apparaître, sur ce plan, malgré sa fragilité et ses limites, comme un modèle. Au-delà et en-deçà, « sans un désarmement intérieur et un esprit de non-violence, les hommes peuvent être entraînés dans une logique de guerre ». La haine – ce mot revient fréquemment dans le livre – se joue toujours, in fine, dans chaque personne, tuant l’humanité en elle à mesure qu’elle tue, se coupant d’elle-même… Dès lors, quel sens donner, de part et d’autre, au pardon, à la réconciliation ? Et comment développer « un esprit de paix » ? En commençant par accepter le conflit, nous dit Olivier Abel (rejoignant ici Michel Wieviorka). En acceptant, aussi, qu’il ait une pluralité de formes et d’expressions, et donc qu’il existe de nombreuses manières, toujours circonstanciées et fragiles, de le résoudre.

Jean Vettraino
24 septembre 2018
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