Le sociologue américain Erik Olin Wright valorise ici des alternatives qui s’opposent à la privatisation de la sphère sociale et à la toute-puissance des marchés. Sans reproduire la violence de la rupture révolutionnaire, il est possible de conduire des réformes progressives, qui existent déjà au stade embryonnaire ou latent. Le projet est plus globalement défendu au sein d’une « science sociale émancipatrice ». Trois étapes sont nécessaires. La première part de onze propositions pour critiquer les inégalités, les injustices sociales et environnementales, l’idéologie consumériste et impérialiste, ainsi que la perte des valeurs traditionnelles, toutes provoquées par le capitalisme lorsqu’il domine les institutions politiques. Dans un deuxième temps, sont énoncées nombre d’alternatives qui doivent être désirables, viables et réalisables. En clarifiant des concepts replacés dans leur historicité (le pouvoir, la propriété, l’État, l’économie, la société civile), l’auteur propose une « boussole socialiste » afin de renforcer le pouvoir d’agir de la société civile. Cela peut passer par la mise en place de budgets participatifs municipaux, par des réformes institutionnelles accordant une large place aux initiatives locales et décentralisées, un financement public, davantage de contrôle des campagnes électorales, etc. De même, sont présentés les principes d’une économie sociale privilégiant les intérêts d’une collectivité via le contrôle de ses activités d’échange et de distribution par ses propres membres (au Québec) : ainsi l’institutionnalisation de biens communs, de coopératives, d’un revenu inconditionnel de base… Enfin, dans une troisième étape, les obstacles à ces transformations sociales (par exemple la reproduction des inégalités) seraient levés par un travail de réappropriation des capacités économiques de l’ensemble des classes sociales et par la levée des inhibitions dans la participation à la vie politique.