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Tu haïras ton prochain comme toi-même. Les tentations radicales de la jeunesse

Hélène L'Huillier Albin Michel, 2017, 144 p., 13 €

Hélène L’Heuillet centre son nouvel essai, théorique, sur l’énigme du passage à l’acte dans le terrorisme djihadiste. Le parallèle, inattendu, avec le populisme, est quelque peu rapide, sinon incertain. « La radicalité jihadiste consiste à s’attaquer à la racine de ce qui fait un monde humain, le symbolique. » Et d’abord au langage : la haine, qui est aussi haine de soi, est toujours haine du langage. Car l’être et le langage, indissociables (l’auteure parle de « parlêtres »), sont toujours équivoques et pluriels, loin de l’unicité, de la totalité et de la pureté promises par les idéologies extrémistes. L’auteure affronte des questions difficiles comme la double dimension de ces actes (attentat et suicide) ou la place de la religion. Celle-ci fournirait, en l’absence d’autorité politique, une instance de commandement de mort. Le traumatisme joue un rôle central dans le passage à l’acte (« on peut même penser que le terrorisme a percé le secret du trauma »), en permettant au sujet de se dé-subjectiver entièrement, de tuer toute singularité en lui. Hélène L’Heuillet considère qu’aujourd’hui le problème s’enracine au niveau de la culture dans son ensemble : la haine n’est plus refoulée. Ce « non-refoulement » favorise l’expression de la pulsion de mort. En réponse, l’enjeu est de poursuivre « l’œuvre de connaissance et de reconnaissance des voies par lesquelles passent l’humanisation et la symbolisation dans une époque ». On ne contrera ce « mal » (Farhad Khosrokhavar) qu’en ouvrant – et en laissant ouvrir – à la jeunesse des perspectives nouvelles, tournées vers l’espoir, le désir et la vie.

Émilie Reclus
20 avril 2018
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