Les crispations autour de l’islam et de la laïcité ont suscité ces dernières années une demande sur le droit, de la part de professionnels de plus en plus souvent confrontés à des situations mettant en cause le vivre ensemble. Or le droit de la laïcité est complexe et peu accessible. En outre, il comporte de nombreux angles morts et fait l’objet de controverses au sein même de l’État, ce qui ne facilite guère son intelligibilité par le commun des citoyens. Ce sont ces « territoires disputés de la laïcité » que Gwénaële Calvès nous invite à parcourir en nous faisant prendre un peu de hauteur pour comprendre les mutations récentes de ce principe républicain. À travers des questions tantôt générales (« Où est la frontière entre prosélytisme et prosélytisme abusif ? »), tantôt précises (« Peut-on laisser un élève prier le soir lors d’un voyage scolaire ? »), elle explique ce que dit le droit et ce qu’il ne dit pas, ou alors à demi-mot. En effet, la laïcité est devenue « l’empire du droit mou », ainsi que l’on appelle les textes officiels (chartes, recommandations, avis, guides pratiques…) qui n’ont pas force de loi. C’est tout l’intérêt de ce livre de rappeler que le droit est en mouvement et que la laïcité ne saurait être réduite à un ensemble de règles. Elle demeure une notion politique, c’est-à-dire nécessairement soumise à discussion, et les intenses débats dont elle fait l’objet sont pour l’auteure le signe de sa vitalité.