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Les nouvelles inégalités du travail. Pourquoi l'emploi se polarise

Grégory Verdugo Presses de Sciences Po, 2017, 122 p., 9 €

Cette synthèse de travaux d’économistes, sobre et pédagogique, part du constat d’une polarisation croissante des emplois – l’augmentation simultanée des emplois qualifiés et des emplois peu qualifiés – dans les pays développés et en donne une explication nuancée. « Si les polarisations des salaires et de l’emploi se renforcent mutuellement, leurs causes sont multiples. Difficile mais incontournable est la question de savoir comment adapter nos économies à cette nouvelle donne et, en particulier, les régulations des marchés du travail ». Après avoir rappelé le rôle clé de l’éducation (« plus éduqués et plus inégaux ») et des diplômes, Grégory Verdugo distingue trois grands facteurs. Premièrement, le progrès technologique. Dans les entreprises, l’emploi se réoriente vers les productions « abstraites » (ou « cognitives non routinières ») au détriment des emplois intermédiaires. Deuxièmement, la mondialisation économique. Le commerce international a été multiplié par cinq entre 1993 et 2014. L’instabilité des emplois s’en est retrouvée accrue, de même qu’une pression à la baisse sur les salaires, en particulier sur les bas salaires – ceux de l’industrie française sont vingt fois supérieurs aux salaires chinois ou philippins et cinq fois supérieurs aux salaires hongrois ou polonais. Troisièmement, le cadre institutionnel du marché du travail, essentiel pour comprendre la diversité des inégalités salariales et leurs évolutions différenciées entre les pays développés. G. Verdugo revient sur le rôle du salaire minimum – tout en protégeant les bas salaires et la poussée des inégalités, il peut freiner la création d’emplois –, sur la question syndicale et sur celle des négociations collectives. Le dernier chapitre s’interroge sur une fin potentielle du travail salarié ; l’apprentissage automatique de tâches complexes par les machines menace de plus en plus d’emplois, y compris dans des domaines demandant de hauts niveaux de qualification. Deux grands défis collectifs émergent : celui du temps « libéré » et celui de la redistribution.

Émilie Reclus
20 novembre 2017
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