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Les dérives de l’état d’urgence

William Bourdon Plon, 2017, 324 p., 15,90 €

Proclamé en réponse aux attentats du 13 novembre 2015 et renouvelé six fois depuis, l’état d’urgence s’impose de plus en plus comme « un état d’exception permanent ». Avec quelles conséquences pour notre démocratie ? C’est la question posée par l’avocat William Bourdon et les collaborateurs de son cabinet dans Les dérives de l’état d’urgence. Cet essai examine une par une les lois antiterroristes adoptées depuis un an et demi : déchéance de nationalité, assignations à résidence, pouvoirs accordés aux services de renseignement, restrictions à la liberté de la presse… Les auteurs montrent que ces mesures sont sans effet réel sur le terrorisme, mais qu’elles érodent des principes de notre État de droit, tels la présomption d’innocence ou la séparation des pouvoirs. La volonté d’afficher une réponse politique aux attentats conduit à des décisions absurdes et démagogiques, comme dans le cas de ces cinq Franco-Marocains condamnés pour terrorisme en 2007 et déchus de leur nationalité française en 2015, alors qu’ils n’étaient nullement impliqués dans les attentats commis cette année-là. La multiplication des exemples donne toute sa force à la démonstration et permet de se représenter les impacts concrets de l’état d’urgence. Malgré son souci didactique, l’ouvrage demeure assez technique et souffre de certaines redites. Il n’en constitue pas moins une lecture salutaire, au moment où le projet de loi antiterroriste d’Emmanuel Macron entend intégrer dans le droit commun les dispositions de l’état d’urgence.

Edwin Hatton
10 octobre 2017
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