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Le secret médical, vie et mort

Anne Lécu Cerf, 2016, 318p., 24€

C’est bien parce qu’Anne Lécu est à la fois médecin et religieuse dominicaine, exerçant en milieu carcéral, profondément informée de tout ce que les sciences humaines peuvent fournir comme éclairage, que l’écriture de cet Ovni a été possible. Un livre sur l’exercice de la médecine en prison ? Non, mais la lecture du déplacement d’un paradigme venu du fond des âges : la transformation du secret médical, sa disparition annoncée parce que nous avons changé de société. La médecine n’est pas ici au centre, mais bien le secret, dont l’une des formes les plus originaires est celui de la confession. Or dans le secret, pour les individus comme pour les sociétés, se noue le rapport le plus intime à l’essentiel — à partir duquel, seuls, nous pouvons nous adresser aux autres d’une manière authentique. Mais nous sommes à l’époque de la transparence et nous disposons des moyens techniques permettant le partage des informations. Nous rêvons d’une grande communauté étouffant tout danger dans l’œuf par la publication de tout. Et les pièges sont multiples. Ainsi, qui pourrait s’opposer à ce que le secret médical soit levé, si en lui s’indique l’imminence de la commission d’un crime ? Certes ! À ceci près que très vite, si la confiance que le patient lui accorde n’est pas absolue, la source « évidente » d’informations qu’est le médecin se tarira. Son action possible auprès du criminel sera empêchée. L’exégèse des textes législatifs ne laisse aucun doute : « Ce qui est réellement menacé n’est pas notre vie privée au sens où nous en serions propriétaires. Ce qui est menacé est l’intime en tant que structurant. »

Alain Cugno
3 avril 2017
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