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Comment les économistes réchauffent la planète

Antonin Pottier Seuil, 2016, 336 p., 18 € (e-pub 13€)

Voici un livre pour tous ceux qui s’intéressent au dérèglement climatique, à la théorie économique et aux liens entre ces deux sujets que l’on pourrait croire étanches. On y découvre comment les dogmes de l’économie néoclassique - courant majoritaire de la discipline - conduisent à sous-estimer largement les effets du réchauffement climatique et à retarder les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Après un chapitre introductif qui illustre l’accélération du changement climatique et ses dangers, A. Pottier, chercheur au Cerna (Centre d'économie industrielle des Mines ParisTech), s’intéresse à la sociologie de la science économique, construisant une figure caricaturale de « l’Économiste », qui impose ses vues aux décideurs et au grand public. Il insiste notamment sur les raccourcis entre la théorie et les interprétations des modèles opérés par les nombreux « experts » qui ont gagné un poids considérable dans le débat public, sans forcément une vraie légitimité scientifique. Le corps du livre décortique ensuite les modalités d’évaluation des conséquences du réchauffement planétaire. On reste parfois sidéré devant les raccourcis ou les conclusions des études dites sérieuses qui aboutissent à une « trajectoire de réchauffement optimale » de +6°C (les modèles utilisés étant incapables de prévoir les multiples conséquences d’un tel changement). Écrit pour des néophytes (reprise des bases théoriques de la main invisible, présentation de l’approche coût-bénéfice) mais intéressant pour des connaisseurs (décryptage des négociations Kyoto/Cop21, explication sur le fantasme de la création d’un prix unique du carbone), ce livre est un antidote au « fondamentalisme économique »: il permet aux citoyens de s’armer pour débattre de ces enjeux cruciaux.

Guillaume Primot
15 janvier 2017
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