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La Responsabilité sociale des entreprises dans le secteur minier. Réponse ou obstacle aux enjeux de légitimité et de développeme

Bonnie Campbell et Myriam Laforce (dir.) Presses de l’université du Québec, 2016, 278p., 25$ (pdf, e-pub)

Le sous-titre exprime bien le fil conducteur des analyses menées au long des pages, à propos de l’ambiguïté ou des éventuels effets négatifs d’actions menées par des grands groupes miniers au titre de leur responsabilité sociale en Afrique. L’ouvrage propose une réflexion approfondie à la fois sur les problèmes théoriques et juridiques posés par la notion polysémique de responsabilité sociale et sur ses enjeux pratiques. Il s’appuie sur des enquêtes de terrain menées dans plusieurs pays (Mali, Ghana et RDC) auprès de différents acteurs, notamment de filiales de grands groupes miniers dont le capital est détenu pour la plupart à la fois par des multinationales et des Etats. Après un premier chapitre de synthèse sur les évolutions de la RSE et la typologie des différentes modalités d’interventions locales, trois études de cas font apparaitre un diagnostic convergent sur le rôle des programmes de RSE mis en place par les entreprises, parfois en lien avec un cadre fixé par la loi (comme c’est le cas au Mali depuis 2012 par l’adoption d’un code minier fixant des obligations en termes de développement communautaire). Ces programmes engagés au titre d’une action philanthropique en direction des populations locales, mais aussi dans une perspective de communication ou de gestion des risques, sont fragiles, soumis aux aléas de la conjoncture du côté de l’entreprise comme des pouvoirs publics. Un engagement sociétal fécond dépend de son articulation avec le cœur de métier de l’entreprise, et suppose de sa part une stratégie destinée à s’inscrire dans un projet de développement territorial de long terme. L’engagement volontaire des entreprises, par exemple à travers les programmes de certification des minerais pour assurer leur traçabilité et lutter contre les filières de « minerais de sang », apparait bien insuffisant. Comme le soulignent les directrices de l’ouvrage, l'enjeu, après des années de libéralisation et de retrait de l’État, est de redonner à celui-ci un rôle clé dans le contrôle des effets négatifs des activités et le soutien aux populations affectées par les projets engagés. Celles-ci doivent participer substantiellement (et pas seulement de manière symbolique ou formelle) aux décisions qui les concernent. La question est de savoir comment favoriser de telles réorientations de la part des acteurs publics et privés. La création, depuis 2014, d’un groupe de travail sur les entreprises transnationales par le Conseil des droits humains des Nations unies afin de réglementer leurs activités, dans le prolongement du Cadre Ruggie de 2011 et du guide de l’OCDE sur le devoir de vigilance, devrait ouvrir des voies.

Cécile Renouard
15 janvier 2017
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