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Un silence religieux. La gauche face au djihadisme

Jean Birnbaum Seuil, 2016, 208 p., 17 €

Cet essai s’ouvre sur les attentats du 7 janvier et du 13 novembre 2015. Et sur la chape de silence tombée sur leur lien à la religion musulmane. Pour Jean Birnbaum, directeur du Monde des livres, l’affirmation assenée par les plus hauts dignitaires de l’État et largement reprise selon laquelle les actes terroristes n’ont « rien à voir » avec l’islam tient du déni et du désarroi. Elle tient surtout de l’impossibilité apparente d’allier le combat contre l’amalgame terrorisme-islam et la prise en compte de la dimension proprement religieuse du djihadisme. Au-delà, elle traduit l’impossibilité contemporaine d’une majorité de Français à concevoir l’efficace et la puissance politique de la religion. Cette attitude, outre qu’elle entretient un dangereux aveuglement sur l’une des causes fondamentales des attentats, nuit d’abord aux musulmans eux-mêmes. Non seulement parce qu’elle occulte la guerre intérieure à l’islam, mais aussi parce qu’« elle prend à revers les islamologues, musulmans ou non, et tous ces intellectuels qui, précisément, luttent pour dissocier l’islam de sa perversion islamiste ». Plusieurs d’entre eux – Arkoun et Rachid Benzine, Meddeb, ou encore Derrida – sont cités fort à propos. Si la gauche n’est pas seule responsable, comme l’auteur le précise, elle a bien un rapport particulier à l’islam et, au-delà, à la religion, du fait de sa pensée (un chapitre du livre est consacré au marxisme) et de son histoire, depuis la mobilisation anticolonialiste en Algérie (chapitre II) jusqu’à la crise du NPA à la suite de la présentation, dans le Vaucluse, d’une candidate voilée aux élections régionales de 2010 (chapitre 5). Birnbaum montre aussi, dans un parallèle saisissant entre l’Espagne des années 1930 et la Syrie d’aujourd’hui, ce que l’engagement des djihadistes français doit à la révolte et à l’espérance. Et l’islam politique d’apparaître désormais « comme la seule cause pour laquelle des milliers de jeunes sont prêts à braver la mort à l’autre bout du monde ».

Jean Vettraino
16 mars 2016
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