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Zones À Défendre. De Sivens à Notre-Dame-des-Landes

Philippe Subra Aube, 2016, 124 p., 14€

ZAD : « zone d’aménagement différé ». Cette procédure a été créée au début des années 1960 pour de grandes opérations d’aménagement ; mais l’acronyme est détourné au début des années 2010 : « zone à défendre » ; et peut-être un jour « zone d’autonomie définitive »... Centrant son propos sur Notre-Dame-des-Landes, l’auteur (géographe, enseignant à l’Institut français de géopolitique) décrit et analyse ce phénomène avec précision. Une ZAD est d’abord et avant tout l’occupation d’un site qui s’inscrit dans la durée ; il en dénombre une dizaine entre 2008 et 2015. L’attention portée aux territoires et aux acteurs (zadistes, agriculteurs, élus, maîtres d’ouvrage, etc.) est particulièrement précieuse pour en comprendre les logiques et les ressorts. La comparaison avec des mobilisations passées (Plogoff et le Larzac) ou dans d’autres pays européens (« No TAV » en Italie, opposition à la construction de la nouvelle gare de Stuttgart en Allemagne) permet d’en faire ressortir les spécificités. D’abord, le contexte politique et institutionnel, de la loi Barnier de 1995 qui a instauré des débats publics sur des grands projets d’infrastructure à la décision du président Hollande, en février 2016, d’un référendum local sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ensuite, le rôle d’internet, dans la communication médiatique et dans la mutualisation des expériences, et le fonctionnement en réseau des ZAD. Mais aussi, le rapport à la violence. Celle-ci n’est pas refusée a priori. Reflet de la violence d’État et symptôme d’une société clivée, elle est utilisée pour tenir concrètement le terrain, ou pour susciter des images qui permettront de gagner la bataille de l’opinion. Ainsi, « les opposants peuvent perdre sur le terrain réel (finir par être évacués manu militari) et pourtant remporter une victoire sur le terrain politique (obtenir l’abandon du projet qu’ils combattent). Au final, Philippe Subra voit dans les ZAD une forme de radicalisation de la contestation environnementale et un point d’ancrage pour l’altermondialisme français. Il souligne, au-delà, comment ces occupations questionnent le fonctionnement démocratique : la place et les limites du vote et de la consultation, « la place respective du local, du national et du global dans la définition de l’intérêt général ».

Jean Vettraino
7 décembre 2016
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