Ce livre entend d’abord rendre hommage à un court texte (une vingtaine de pages en français, qui en constitue le premier chapitre), publié sur Internet en 2013 par deux doctorants londoniens, Nick Srnicek et Alex Williams : « Accelerate. Manifesto for an Accelerationist Politics ». Le philosophe Laurent de Sutter retrace en introduction le succès critique au sein d’une certaine intelligentsia et en distingue les principales propositions, à commencer par le dépassement du capitalisme à travers la réappropriation du progrès scientifique et technique. Ce livre est ensuite un recueil de textes, essentiellement philosophiques, déjà publiés pour la plupart. Sous une unité de façade – les titres originaux des textes ont été ramenés à l’infinitif : « Accélérer » suivi d’un nom – l’ensemble est singulièrement bigarré. Les liens au « Manifeste accélérationniste » sont divers : certains, comme celui d’Antonio Négri (« Accélérer la politique »), en constituent un commentaire ; d’autres, comme celui d’Yves Citton (« Accélérer l’écologie »), en développent quelques points ; d’autres encore (« Accélérer l’humanité ») n’y font qu’une référence ponctuelle; dans d’autres enfin, il n’y en a que des échos, comme dans « Accélérer le féminisme ». On peine à trouver un fil directeur, qu’il soit théorique ou politique, d’autant plus que les contributions sont livrées sans introduction ni note explicative. L’ouvrage résonnera-t-il au-delà d’un cercle d’initiés ?