Dans Faire société en ville, le psycho-sociologue Tristan Benhaïm et l’ingénieur Alain Maugard proposent une réflexion sur « un nouveau modèle de société fondé sur le lien local, le circuit court, la territorialité » (en France essentiellement), dont les villes seraient les principaux acteurs. Des villes qui seraient aujourd’hui « sans limite ». Après avoir brossé leur tableau de la ville contemporaine et de ses problèmes, les auteurs se penchent sur son avenir, avec un parti pris « résolument optimiste ». Les éléments principaux sont déjà en place (d’où le sous-titre d’utopie réaliste) : numérique, technologies dans leur ensemble, évolution des modes de vies des urbains et des services associés, réorganisation économique centrée sur le local et la proximité. Ces éléments devraient permettre à terme une refondation urbaine, plus durable, portant une « croissance verte », notamment dans le domaine de l’énergie, des transports et des échanges. Mais les auteurs y discernent au-delà un projet de nature politique : celui d’un ressaisissement citoyen et d’une nouvelle manière de créer du collectif. Ce lien établi entre moyens de communication et d’information actuels et approfondissement démocratique reste cependant contestable. Les mutations actuelles de la gouvernance urbaine sont aussi exposées, une sous-partie intéressante portant sur les transformations des différents métiers de la ville, des architectes aux urbanistes. Le propos est ponctué d’une quarantaine d’encadrés, portant sur l’altérité « fertile » ou « hostile » dans les échanges urbains, la progression des matériaux biosourcés, « l’étrange ministère de la Ville » ou encore sur la ville « verte » vitrine d’Abou Dhabi, Masdar. En définitive, l’ouvrage ne pêche-t-il pas par des approximations et une lecture parfois simpliste des évolutions en cours, sur leur naturalité et/ou leur irréversibilité supposées et sur leur indistinction sociale ?