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L’adieu à l’humanitaire ? Les ONG au défi de l’offensive néolibérale

Boris Martin Éditions Charles Léopold Mayer, 2015, 132 p., 16 €

Boris Martin centre son propos sur l’humanitaire français, notion et secteur dont il a une connaissance fine (il est notamment rédacteur en chef de la revue Humanitaire à Médecins du monde), s’appuyant parfois sur le secteur plus large du développement ou sur le monde anglo-saxon. Ce qu’il décrit avec clarté et liberté d’esprit dans cet essai n’est pas tant un adieu qu’une modification en profondeur de l’humanitaire – dont il souligne qu’elle n’a rien d’univoque. Celle-ci est due à une « alliance objective », opérée dans les années 2000, entre l’État et les (très grandes) entreprises, qui cherchent à capter et instrumentaliser l’humanitaire. Cette modification tient aussi à une sorte de crise de croissance des plus grosses ONG humanitaires (les structures plus petites étant par contre en difficulté). Celles-ci diversifient leurs sources de financement, en particulier du côté des entreprises – dont la part, si elle reste modeste dans leur budget (moins de 10 %), est en augmentation constante – ; elles recrutent dans le secteur privé marchand et, surtout, en adoptent la logique et les méthodes – au nom d’une efficacité sur le terrain dont la supériorité n’a jamais été démontrée. N’y a-t-il pas là un risque de tomber dans un humanitaire vidé de sa substance et « soulagé de sa charge revendicative et citoyenne » ? « Si l’on considère (…) que le néolibéralisme est un programme de destruction des structures collectives à même de contrer la logique de marché, doit-on craindre que les ONG (…) n’abdiquent devant lui ? » Le rapport de force actuel est loin d’être en leur faveur. Les ONG humanitaires auraient beaucoup à gagner, selon Boris Martin, à renforcer leur structuration collective – pour mieux peser politiquement comme, par exemple, pour créer une plateforme commune d’appel à la générosité du public – et à se ressourcer au sein du monde associatif.

Jean Vettraino
14 mars 2016
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