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Justice écologique, justice sociale. Exemples historiques, analogies contemporaines et théorie politique

Aliènor Bertrand (dir.) Victoires éditions/CNRS, 2015, 164 p., 29 €

Justice sociale et justice écologique sont-elles contradictoires ? Partant d’une critique de l’approche de la justice environnementale dans sa capacité à enrayer les dégradations environnementales à l’origine d’inégalités sociales (ou de leur renforcement), les auteurs proposent de combler cette lacune. Les revendications des mouvements de la justice environnementale, qui émergent dans les années 1980 aux États-Unis, semblent en effet avoir modelé ce qui s’apparente aujourd’hui à une « exigence de justice sociale sur le principe d’une redistribution négative ». Elles se sont en partie traduites par des politiques correctives des inégalités à l’image de compensations financières, légitimant un droit à polluer et ignorant de potentielles irréversibilités écologiques. En somme, c’est l’incapacité à prendre en compte un impératif de soutenabilité environnementale – condition de justice sociale future – qui est visée. Cela exigerait, selon les auteurs, une analyse critique de notre organisation sociale et économique, cause structurelle des inégalités sociales et écologiques. Mais une déception émerge devant les réponses apportées. Elle tient peut-être au format du livre – il n’est pas toujours évident de mettre en cohérence un ensemble de communications –, mais elle est aussi liée aux contours flous de la notion de « justice écologique », jamais clairement définie. Il est dès lors difficile de saisir parfaitement ce que l’on cherche à articuler avec une justice sociale : l’existence d’externalités environnementales ? La prise en compte de limites écologiques, d’objectifs de soutenabilité ? L’exigence de justice envers d’autres entités vivantes ? En quoi justice écologique et justice sociale peuvent entrer en contradiction ou se recouper ? Plusieurs propositions alimentent le débat, notamment le recours à une grille marxiste pour rendre visible la production des inégalités sociales et environnementales. Mais on peut s’étonner de l’évacuation rapide qui est faite de l’apport des éthiques environnementales et du questionnement sur le rapport de l’homme à son milieu, une conception qui n’est pas seulement circonscrite par la place que l’on occupe dans les rapports de production. Au-delà du changement de modèle de production, l’enjeu n’est-il pas aussi culturel ? Ne plus évincer la question de la finalité permettrait certainement de dégager des issues complémentaires.

Marie Drique
9 mai 2016
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