Action contre la faim (ACF), aujourd’hui l’une des plus grandes ONG françaises, a-t-elle une âme ? À n’en pas douter, si l’on en croit ce plaidoyer pro domo, qui ne prétend ni à l’exhaustivité ni à l’objectivité. Celui-ci vise d’abord à « donner en partage aux bénévoles et aux salariés une histoire commune de l’association ». Celle-ci est narrée simplement et chronologiquement, dans une première partie, à travers le parcours et l’engagement de femmes et d’hommes qui y ont exercé de hautes responsabilités (l’index des noms cités en annexe est particulièrement utile). Solange Nuizière-Abramowicz, spécialiste des études d’opinion, en a interviewé la plupart. Elle restitue leur parole sous forme de longues citations. ACF n’a pas été créée par des professionnels de l’humanitaire, mais par des intellectuels, de renom pour certains, suite à l’incapacité du Parlement européen d’affronter le problème de la faim (1979). Jusqu’à la création d’une fondation en 2013 et la présidence actuelle de Stéphanie Rivoal, l’association a connu une croissance et une professionnalisation constantes, accompagnées d’interrogations (entre un mandat d’urgence ou de développement par exemple), de heurts, voire de crises – la « crise Brunel » en 2002, du nom de la présidente de l’époque, étant sans doute la plus importante. ACF s’est également structurée au niveau international, avec des sièges opérationnels à Paris, New York et Madrid. La seconde partie de l’ouvrage, plus thématique, donne des éclairages sur plusieurs aspects de l’association : son ancrage national, des « Comités locaux » aux « Délégations » actuelles, la collecte de fonds (s’appuyant longtemps sur des « images chocs » qui ont suscité beaucoup de critiques… et de dons) et l’image institutionnelle, la réalité du travail dans les pays du Sud, la prise de conscience des enjeux liés à l’eau, l’assainissement et l’hygiène, etc. Certains terrains d’actions d’ACF – l’Afghanistan, le Sahel et Haïti – font également l’objet d’une attention particulière.