Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Les néo-paysans

Gaspard d’Allens et Lucile Leclair Seuil/Reporterre, 2016, 140 p., 12 €

Au cours de l’industrialisation, les emplois agricoles se sont effondrés jusqu’à représenter moins de 2 % de la population active. Et même arrivée à ce point, la baisse continue, les agrandissements permettant des économies d’échelle sans que l’on voie le processus se stabiliser. Avec le recul, la modernisation de l’agriculture familiale et la transformation des paysans en agriculteurs apparaît comme une simple transition vers une organisation capitaliste de l’agriculture sur le modèle de l’industrie. Irrésistible et irréversible mouvement ? Pas sûr. C’est en tout cas la thèse du livre Les néo-paysans, où Gaspard d’Allens et Lucile Leclair [NDLR : Lucile vient de rejoindre la Revue Projet !] défendent l’idée que « le XXIe siècle sera paysan, parce que c’est un rêve mais aussi une nécessité ». Les deux auteurs ne sont pas isolés. Cette thèse est défendue au niveau universitaire par des socio-économistes comme Jan Douwe van der Ploeg à Wageningen (Pays-Bas) dans le berceau même de l’industrialisation de l’agriculture (Les paysans du XXIe siècle, Mouvements de repaysannisation dans l’Europe d’aujourd’hui Éditions Charles Léopold Mayer, 2014). Pour rendre le propos tangible et crédible, le livre s’ouvre sur une galerie de portraits de néo-paysans, soigneusement choisis car « ils touchent l’ensemble des classes sociales, des ouvriers aux cadres ». À partir de ces trajectoires singulières, les auteurs s’efforcent de construire une réflexion plus générale sur les conditions nécessaires pour que ces initiatives en entraînent d’autres. Une tâche d’autant plus nécessaire que les néo-paysans, bien que représentant déjà 30 % des installations, ne sont pas aidés, voire sont dissuadés par les politiques mises en place et la pratique des organisations professionnelles majoritaires. Et ces cadres juridiques et politiques sont pour beaucoup dans la fin des agriculteurs qui succède à la fin des paysans ! Il n’y a donc pas de fatalité dans le mouvement. Le chapitre « Le bonheur est dans le pré. Jeu de l’oie » en présente les difficultés d’une façon plaisante et drôle : un tour de force ! Car le livre Les néo-paysans, intéressant pour son sujet et la pertinence – engagée – de son analyse, est aussi très agréablement écrit.

À lire aussi sur Revue-Projet.com :

Matthieu Calame
16 mars 2016
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules