Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Notre mal vient de plus loin. Penser les tueries du 13 novembre

Alain Badiou Fayard, 2016, 63 p., 5 €

Dans ce court essai, Alain Badiou fait de la réflexion un acte de résistance face à la violence des attentats du 13 novembre. Son propos, issu d’un séminaire donné dix jours après les tueries, témoigne du refus de laisser ces événements « dans le registre de l’impensable ». La réflexion débute par une analyse de notre monde contemporain, laissé au « triomphe du capitalisme mondialisé depuis trente ans ». Pour le philosophe, les causes sont à chercher dans un modèle de société qui engendre inégalités et frustrations plutôt que dans une foi religieuse radicalisée. La religion reste à ses yeux un prétexte. C’est dans ce cadre qu’il décrit trois « subjectivités » : une subjectivité occidentale, la subjectivité du désir d’Occident et la subjectivité « nihiliste ». Si nous relevons de la première, la seconde concerne tous ceux qui, de plus ou moins loin, nous regardent avec envie. La troisième traduit « un désir de revanche et de destruction », le moteur du « fascisme » de Daesh. Or ce moteur n’est pas sans effets sur des « jeunes d’ici » : la plupart des auteurs des attentats de novembre 2015 sont nés en France et y ont grandi. Aussi bien, Badiou en déduit que « c’est la fascisation qui islamise, et non l’islam qui fascise ». Pour lui, le fascisme meurtrier de Daesh n’est pas tant une pensée opposée au capitalisme, qu’« une contradiction subjective interne au capitalisme lui-même ». Évidemment, ce diagnostic n’excuse aucun crime, mais il change la direction vers laquelle chercher des solutions. Celles-ci ne sont pas à trouver dans une riposte violente et guerrière. Elles se situeraient plutôt dans le développement d’une pensée et d’une politique « disjointe[s] de toute intériorité du capitalisme ». Un travail de la pensée encore en chantier et urgent : « le temps presse ».

Martin Monti-Lalaubie
24 mars 2016
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules