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L’humanitude au pouvoir. Comment les citoyens peuvent décider du bien commun

Jacques Testart Seuil, 2015, 160 p., 17 €

Jacques Testart, ancien directeur de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), pose dans L’humanitude au pouvoir une question fondamentale : comment opérer des choix véritablement démocratiques en matière technoscientifique ? C’est-à-dire loin de l’emprise des groupes de pression, des politiques à courte vue, des arguments d’autorité, mais aussi des leurres de la participation, qu’il s’agisse de débats pilotés par les autorités publiques ou de referendums hâtivement menés ? L’une des principales réponses serait l’institutionnalisation (et son inscription dans l’ordre constitutionnel) de la « convention de citoyens ». J. Testart développe le projet avancé par la Fondation sciences citoyennes. Cette convention repose sur une méthodologie développée à partir de l’analyse des conférences de citoyens recensées dans différents pays depuis une vingtaine d’années. Le principe en est aussi simple qu’ambitieux : il s’agit de « privilégier un protocole qui réduise le poids des experts autant que les pressions des lobbies, et qui puisse se conclure par des propositions claires, portées par les citoyens eux-mêmes ». Un groupe de 15 à 20 personnes, constitué par tirage au sort sur liste électorale, disposerait du temps (dimension essentielle d’un choix démocratique) et des moyens nécessaires pour se prononcer sur un sujet d’intérêt général, relativement précis, « suscitant des controverses et ayant acquis un certain degré de maturité ». L’auteur prend soin de distinguer la convention de citoyens de la procédure participative mise en place par la Commission nationale du débat public. Une réflexion stimulante et généreuse, qui rappelle – au moment où internet est porté au pinacle – l’importance de la rencontre physique entre citoyens pour tout débat de fond, mais qui manque un peu de recul par rapport à l’outil proposé.

Jean Vettraino
2 février 2016
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