Derrière un titre sibyllin se cache une réflexion sur le système de protection sociale et, plus spécifiquement, sur l’assurance maladie, menée à partir de la Belgique. Christian Léonard, enseignant à l’Université de Namur, réfute plus particulièrement – méthodiquement et en s’appuyant sur de nombreuses études – les arguments de ceux qui considèrent que la couverture maladie déresponsabilise les individus, que solidarité et responsabilité sont incompatibles. Il montre à quel point le prisme de la seule responsabilité financière du patient est étriqué, oubliant notamment la responsabilité des institutions de soins. À quel point il est injuste aussi : qu’il s’agisse de l’espérance de vie, de l’espérance de vie en bonne santé, de la probabilité de décéder à domicile, de devenir invalide, de bénéficier de soins préventifs dentaires, etc., les inégalités socio-économiques sont particulièrement marquées. Ainsi, plutôt qu’une « pseudo-responsabilisation » d’inspiration néolibérale, l’auteur prône une implication des « citoyens patients » dans les décisions en matière de santé (pour le financement, l’organisation ou les priorités). Il fait état d’expériences allant dans ce sens, comme une enquête de fond sur les procédures de choix de remboursement de prestations médicales et l’organisation d’un « LaboCitoyen » visant à définir des critères sur lesquels les politiques puissent se fonder quant au remboursement des soins. Pour Christian Léonard, il est essentiel que le care guide et éclaire les démarches, quelle que soit leur échelle : à propos du traitement des personnes en maison de retraite, de l’implication d’un patient dans une équipe de soins afin d’améliorer un processus thérapeutique, ou la qualité et la transparence des informations (le « care informationnel »). Au-delà d’un concept liant liberté et responsabilité, il s’agit de faire du care un outil pratique.