L’industrie du médicament est une des plus lucratives. Elle fait vivre des corporations (médecins, pharmaciens, juristes…) et, naturellement, des empires industriels. La survie de ces derniers dépend bien souvent des dividendes versés aux actionnaires. Dès lors, les organes de régulation mis en place par les politiques pour assurer à la fois éthique de la démarche et sécurité des produits font l’objet des manœuvres des industriels. Michèle Rivasi, Serge Rader et Marie-Odile Bertella-Geffroy font, à leur tour, le procès de cette industrie. Malheureusement, tels des procureurs, ils se répètent d’une page à l’autre pour mieux convaincre, un même argument non démontré servant plusieurs fois pour en construire d’autres. À partir de généralisations, d’erreurs  (les auteurs dénoncent l’absence de génériques du Doliprane, or ils existent depuis plus de quatre ans !), de raccourcis ou d’anachronismes, ils portent des accusations dangereuses (l’ouvrage semble rejeter le bénéfice et le principe même de la vaccination obligatoire, à l’heure où la tuberculose, par exemple, refait son apparition sur nos sols. Les auteurs ignorent-ils l’histoire des contagions ?) ou fragiles (la recherche fondamentale publique serait-elle la source « essentielle » des médicaments innovants ?) On aurait aimé des références solides, des études scientifiques… on a des plaidoyers véhéments qui ne résistent pas toujours à l’analyse. C’est dommage, car le sujet mérite une remise en cause sérieuse et les propositions faites en fin d’ouvrage contiennent, à côté de propos irréalistes (ainsi, pour les brevets, peut-on imaginer un industriel investissant des fortunes dans le développement d’un produit innovant sans protection de sa propriété industrielle ?), plusieurs pistes intéressantes, même si certaines nécessitent un financement bien incertain.

Pour aller plus loin

• Olivier Gros, « Médicaments, trou de la sécu et loi du marché », Revue-Projet.com, 22/01/2016