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Qu’est-ce qu’une nation ?

Gérard Noiriel Bayard, 2015, 112 p., 14 €

Le sociologue se fait ici historien. Du siècle des Lumières au 11 janvier 2015, Gérard Noiriel étudie l’évolution de l’idée de « nation ». Une évolution complexe, sans qu’en résulte une totale clarté : ni la communauté de langue ou de religion, ni le vivre-ensemble, ni l’égalité civile ne font « nation » à elles seules. L’histoire souligne comment une mémoire commune (par exemple l’Alsace-Lorraine perdue en 1870 alimentant l’idée de revanche) et une volonté de participer à la vie de l’État, y compris de le défendre (par exemple Valmy) soudent durablement un pays. Si cette idée est satisfaisante en période de prospérité, elle est vite mise à mal. Chaque crise économique, comme la France en a connu depuis le XIXe siècle, fait de « l’étranger » le bouc émissaire. Les émeutes italiennes à Marseille en 1881, où siffler « La Marseillaise » est perçu comme une atteinte au peuple français dans son ensemble, voient apparaître les premières questions sur l’immigration. L’État réagit en légiférant, avec l’instauration de la carte de séjour et du permis de travail. Il y a là un basculement : ce n’est pas tant la « nation » qui est attaquée que la République. De même, les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo sont vus comme une atteinte aux valeurs fondamentales de la République : la liberté de parole, la liberté d’expression. Si la vague d’indignation n’est guère suivie d’actions collectives durables, elle montre une France unie et pacifiée autour de valeurs communes, face à la nouvelle menace du terrorisme. On passe, en un sens, du national à l’international. L’idée de « nation » est pour une part dépassée, mais les références aux idéaux de la République semblent plus que jamais d’actualité.

Annie da Lage
20 janvier 2016
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