Le titre pourrait donner à penser qu’il s’agit d’une description distancée. En réalité, le député Jean Leonetti partage ici une réflexion claire, profonde et concise sur le rapport à la mort. Il donne à découvrir quelques-unes des sources, des motivations et des arguments de son engagement, sans entrer dans le détail des débats les plus récents sur la modification de la loi qui porte son nom. Porté par un style riche d’heureuses formules, le livre condense d’abord une histoire du rapport à la mort, soulignant le bouleversement introduit par les sciences et les techniques qui, souvent, reconfigurent les espérances religieuses en espoir d’éradiquer toute souffrance, de retarder toujours plus le vieillissement, voire de vaincre la mort. Il analyse ensuite le rapport à la mort dans notre société et ses évolutions : une perte du sens collectif de la mort en gardant toutefois le lien aux proches, le souci d’éradiquer toute souffrance, la volonté de maîtrise du temps de la mort, plus la médicalisation de celle-ci, une reconfiguration des rites sacrés et profanes. La partie consacrée aux stratégies déployées (comprendre, oublier, anticiper, adoucir, vaincre, accepter) permet de déployer quelques convictions : la médecine ne peut se substituer au nécessaire débat sociétal ni répondre à tous les désirs ; elle est d’abord un engagement envers le patient, qui ne peut légitimer l’assistance médicale au suicide… Le livre donne le goût de poursuivre le dialogue avec un homme porté par un humanisme forgé à la lecture de Camus et des classiques grecs, désireux de « passer à l’autre quelque chose » de lui-même, animé par la volonté d’aimer et par cette ultime et discrète interrogation : « Peut-être trouverons-nous au-delà de la mort la divine surprise de cet amour infini ? »