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Les banquiers contre les banques. Le rôle de la criminalité en col blanc dans les crises financières

Aurore Lalucq Éditions Charles Léopold Mayer, 2015, 152 p., 10€

S’inspirant largement des analyses et enquêtes du juriste américain William Black, l’économiste Aurore Lalucq met au jour la crise financière sous l’angle peu abordé de la « fraude patronale ». C’est-à-dire de ces directeurs de banque et d’institutions financières qui n’hésitent pas à spolier leur propre établissement pour un gain personnel. On connaissait depuis longtemps les faillites frauduleuses, les rémunérations disproportionnées compte tenu du potentiel de l’entreprise, et que ni l’analyse économique, ni la morale ne peuvent justifier. L’auteure épingle ici les pratiques plus subtiles qui aboutissent, compte tenu de l’importance systémique des grandes banques, à renforcer les effets macroéconomiques dévastateurs de la crise financière : irrégularités dans les procédures bancaires, manipulations des marchés, esbroufe face à des clients peu compétents (dont de nombreux représentants de collectivités publiques), titrisation qui conduit à camoufler les risques réels pour le client. Je mettrais à part les violations d’embargo dont le caractère politique l’emporte largement sur les effets économiques. Pour remédier à ces pratiques dangereuses pour l’économie mondiale, Aurore Lalucq propose le renforcement de la protection due aux lanceurs d’alerte qui dénoncent les pratiques discutables, la mise en place d’une agence chargée d’autoriser la mise en marché des produits sophistiqués, l’interdiction des stock-options. Elle appelle de ses vœux une régulation « hyperactive et proactive ». De quoi faire mentir la remarque du vieux barbu Karl Marx qui constatait que la réglementation est toujours en retard sur l’inventivité des techniciens de terrain ?

Étienne Perrot
6 janvier 2016
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