« Il faut changer l’école parce que trop d’élèves y échouent, y apprennent mal ou trop peu, parce que l’école est trop inégalitaire et parce que son projet éducatif lui-même semble parfois s’effacer devant la rigueur des mécanismes de la machine à sélectionner et à décourager les élèves et de l’angoisse qu’elle inspire à beaucoup » (p. 142). Le livre ne mâche pas ses mots et les événements du 13 novembre – le livre évoque ceux de janvier 2015 – en rendent la lecture plus indispensable encore. Une société peut-elle abandonner sa jeunesse à des mouvements radicaux de toute sorte ? Si on ne peut lui en imputer toute la responsabilité, comment l’école peut-elle prendre sa juste part de l’éducation à la citoyenneté ? Les analyses sont très pertinentes, en particulier dans les domaines d’expertise des auteurs : s’efforcer de réduire la ségrégation pour mieux éduquer toute une classe d’âge à vivre ensemble ; œuvrer à l’égalité des garçons et des filles pour libérer les élèves des carcans sexistes ; combattre l’hégémonie du diplôme pour préparer les jeunes à se former toute la vie… Mais c’est surtout l’ensemble des propositions qui fait sens. Parce que l’école est l’affaire de tous, élargir la communauté scolaire en impliquant les élèves et en associant les parents, c’est rétablir la confiance démocratique « par le bas », c’est-à-dire là où se construit le vivre ensemble des générations futures.