Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Ressources mondialisées. Essais de géographie politique

Emmanuel Chauvin, Émilie Lavie, Géraud Magrin, Laetitia Perrier Bruslé et Marie Redon (dir.) Publications de la Sorbonne, 2015, 336 p., 30 €

Quels qu’en soient ses aspects, la mondialisation contemporaine repose sur des bases « éminemment matérielles, tangibles, localisées » : terres, eaux, minerais, gaz naturel, etc. Les douze études de cas (pour la majorité en Afrique subsaharienne et en Amérique latine) rassemblées dans cet ouvrage permettent de comprendre les multiples rapports des forces qui se nouent autour de ces ressources – pour y accéder, mais aussi dans leur définition même. La notion de ressource (et ce qui en fait la valeur) est ici intelligemment interrogée. Ainsi, dans un contexte mondialisé, des espaces autrefois délaissés au Chili ou au Pérou deviennent des ressources foncières. De même, l’aide internationale représente, pour certains États africains, une ressource « au même titre que les cultures d’exportation, le pétrole ou les mines ». Trois axes structurent la réflexion. D’abord, les territorialités qui se constituent autour des ressources. Ensuite, les discours relatifs à leur pénurie ou leur abondance. Le mythe de la disparition du lac Tchad, par exemple, sert à mobiliser des moyens internationaux… non sans effets sur les sociétés qui vivent à ses abords ! Enfin, les régulations censées encadrer leur exploitation. L’analyse des relations de pouvoir sont au cœur des différentes contributions qui décrivent finement les jeux d’acteurs et leur logique. Ainsi pour la mine d’or sénégalaise de Sabodala : sous la pression de la population et d’ONG, la compagnie minière canadienne et l’État ont dû réaliser une étude d’impact, mettre en place plusieurs comités ainsi qu’un fonds dédié au développement régional. Or, une fois la mine installée, les engagements n’ont pas été tenus. La régulation publique est inefficace et l’autorégulation (au travers de la RSE), un pis-aller : le pouvoir de la multinationale s’impose face à l’État. Les asymétries ne sont cependant pas toujours aussi flagrantes ni univoques. En Bolivie, l’alliance d’acteurs locaux avec des acteurs globaux n’empêche pas, depuis une dizaine d’années, un retour de l’État dans le contrôle des ressources comme du territoire.

Jean Vettraino
26 janvier 2016
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules