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Migrations et mutations de la société française, l’état des savoirs

Marie Poinsot et Serge Weber (dir.) (dir.) La Découverte, 2014, 352 p., 26€

La question des migrations est désormais omniprésente dans l’actualité médiatique et dans le débat politique et beaucoup se croient bien informés à son sujet. Or il n’en est rien : si l’on écarte les instrumentalisations politiques, les généralisations hâtives, les passions et les peurs, pour s’attacher aux réalités (faits et chiffres) que les chercheurs décrivent à partir de soigneuses enquêtes sur le terrain, on ne peut que relever la distance abyssale qui s’est creusée entre ce qui se dit et se répète un peu partout et les « savoirs ».

C’est bien « l’état des savoirs » à propos de 35 questions précises qui constitue l’objet de ce précieux ouvrage. Chacune de ces questions est confiée à un universitaire (sociologue, anthropologue, économiste, démographe, géographe, politologue, historien), qui synthétise, en sept à huit pages, les principaux résultats des recherches publiées depuis une douzaine d’années. Une abondante bibliographie (qui ne retient que les publications à caractère scientifique) complète chacune de ces brèves synthèses.

Les 35 questions retenues couvrent cinq grandes thématiques. La première analyse les évolutions qui concernent la France en relation avec la dimension transnationale. La seconde présente les caractéristiques spécifiques de six populations de migrants – européens, maghrébins, turcs, chinois, indiens et subsahariens – et souligne l’importance croissante des phénomènes de diaspora. La troisième porte sur l’évolution des principales politiques publiques : accueil, école, habitat, marché du travail, lutte contre les discriminations, zones urbaines sensibles. La quatrième regroupe des développements touchant aux questions d’identité et de transmission (modèles familiaux, imaginaire colonial, citoyenneté, rôle des femmes). La cinquième aborde six enjeux qui font particulièrement débat, y compris parmi les chercheurs : la France a-t-elle besoin de l’apport démographique des migrants ? Comment votent les migrants devenus français ? Les « statistiques ethniques » sont-elles souhaitables ? Les migrants sont- ils plus « délinquants » que les autres ? Comment définir et mesurer l’ « islamophobie » ? La présence afro-antillaise justifie- t- elle une approche spécifique de la « question noire » ? Un bel article de conclusion, dû à Michel Wievorka, retrace en quatre étapes l’histoire récente du débat public sur l’immigration en France.
Ce recueil met ainsi à la portée d’un large public, sans jargon, l’essentiel de ce qu’il faut « savoir » avant de commencer à débattre de politique.

Christian Mellon
29 septembre 2015
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