Mi-essai sur le système monétaire, mi-guide pratique pour la création d’une monnaie citoyenne locale : selon ses propres mots, l’auteur (co-fondateur de la Sol-Violette à Toulouse) propose l’ouvrage qu’il aurait aimé lire avant de se lancer lui-même dans cette aventure. Invitant les lecteurs à mettre fin au laisser-faire actuel qui alimente la toute-puissance des institutions financières, il expose comment les monnaies citoyennes peuvent nous permettre de dépasser la crise de sens que nous traversons. Ainsi insiste-t-il sur le monopole exercé par les intermédiaires financiers dans la création monétaire et le contrôle qu’ils exercent sur le choix d’un modèle de production. S’il revient souvent sur le constat d’une pénurie de la monnaie, la question de l’inégalité dans la répartition des richesses n’est pas abordée. En étendant la démocratie au marché, les promoteurs des monnaies alternatives locales visent à alimenter un développement local soutenable et à renforcer la cohésion sociale. Dans un souci pédagogique, le livre propose des fiches pratiques et des ressources bibliographiques dans lesquelles puiser (on s’attendait cependant à ce qu’elles soient plus complètes). Certains outils sont décrits avec beaucoup de détails, mais d’autres questions sont un peu laissées en suspens. Quelles sont, par exemple, les « entreprises respectueuses des humains et de la nature » qui ont vocation à prendre part au mouvement, identifiées par les utilisateurs de la Sol-Violette ? Quant aux institutions financières éthiques, ont-elles la capacité d’utiliser l’ensemble des fonds issus des conversions en monnaie locale si cette pratique venait à prendre une plus grande ampleur ?