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En finir avec les banlieues ? Le désenchantement de la politique de la ville

Thomas Kirszbaum (dir.) Éd. de l'Aube, 2015, 256 p., 22.90€

Un ouvrage composite dont le sous-titre donne la tonalité. Chapitre après chapitre, on comprend que, depuis leurs prémices, l’État n’a pas su choisir entre une politique d’intégration des grands ensembles  – construits pour « sortir le peuple des taudis »– dans la ville (transports, équipements sociaux), et une politique spécifique pour « éviter le décrochage économique, social puis culturel de ces quartiers », ou n’a pas voulu reconnaître la dimension ethnique de ses quartiers. De fait, les années 1980 témoignent du fossé qui n’a jamais cessé de se creuser entre la gauche française et les immigrés, notamment avec la « valorisation ambiguë » de la différence et la création de SOS Racisme pour marginaliser le mouvement politique émergent des jeunes issus de l’immigration.

Une politique toujours en recherche de la « bonne échelle » d’intervention, entre le quartier, la ville et l’agglomération, qui va progressivement s’isoler des politiques publiques de droit commun, notamment avec la création du ministère de la Ville et son budget spécifique…

Une politique de développement social qui a constamment donné le primat à l’action urbaine, notamment avec la rénovation urbaine, laquelle non seulement n’a pas tenu ses objectifs de mixité sociale, mais plus encore a parfois renforcé la ségrégation urbaine…

Une politique qui n’a pas su ou voulu favoriser la participation des habitants, alors qu’elle « était conçue à l’origine comme un projet de démocratisation de la gestion urbaine », mais « sans donner la possibilité aux habitants d’interpeller les responsables politiques et administratifs sur leurs politiques ».

Un livre donc « désenchanté », mais qui nous invite aussi à nuancer la sévérité des analyses au vu des « objectifs très ambitieux sinon utopiques » de la politique de la ville, et à approfondir la réflexion en ouvrant sur des comparaisons européennes.

Bénédicte Madelin
28 juillet 2015
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