Les sociétés riches sont collectivement plongées dans une sorte de « démence extractive », aux conséquences humaines et écologiques désastreuses. Dans la suite directe du fameux rapport sur « Les limites de la croissance » (1972) publié par le Club de Rome, Ugo Bardi, professeur de chimie et membre du comité scientifique de l’Association pour l’étude des pics de pétrole et de gaz naturel, livre ici une vaste synthèse sur l’exploitation et la déplétion des ressources minérales et sur le bouleversement des écosystèmes qui leur est associé. La première moitié du livre en brosse un panorama géologique et historique. Les trois grands types de minéraux sont passés en revue : ceux qui fournissent des sources d’énergie (pétrole, gaz, etc.) ; ceux qui servent aux constructions et aux infrastructures (acier, titane, etc.) ; ceux nécessaires aux hautes technologies (terres rares en particulier). Le propos principal de l’auteur est de souligner qu’il faut toujours plus d’énergie et de capital pour extraire les minéraux. Il dénonce ainsi l’erreur qui consiste à raisonner en termes de quantités disponibles et non en termes de coût énergétique. Aujourd’hui, 10 % de la production d’énergie mondiale est absorbée par les industries minières et métallurgiques. De plus, les coûts écologiques (destruction des écosystèmes, pollutions inouïes, émissions de gaz à effet de serre) de cette extraction vont croissants. Pour donner à comprendre la violence du processus, l’auteur n’hésite pas à recourir à la métaphore guerrière. Par exemple, les méthodes consistant à dynamiter des massifs pour en extraire les minéraux – on parle alors de « mine à déplacement de sommet » – sont « une vraie guerre organisée contre les montagnes ». Dans un dernier chapitre, un peu trop rapide, l’auteur propose trois pistes pour réduire notre dépendance envers l’extraction minière conventionnelle : substituer des minéraux rares par des minéraux communs ; recycler ; réduire notre consommation.