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Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.

Nature en crise. Penser la biodiversité

Vincent Devictor Seuil, 2015, 358 p., 19,50 €

Vincent Devictor, chargé de recherche au CNRS, propose ici une synthèse sur les grands enjeux actuels liés à la biodiversité, qu’ils soient de nature scientifique, éthique ou politique. Il débute son ouvrage Nature en crise en exposant les principaux facteurs responsables de la perte de biodiversité, avant de décrire les principales avancées de la science de la conservation et de l’écologie scientifique. Il faut souligner son étonnante capacité de vulgarisation : il rend accessible des questions souvent techniques et ardues. Les constats plutôt alarmants sur la perte de biodiversité rendent plus que jamais nécessaire de repenser la relation de l’homme à la nature et de s’interroger sur l’anthropocentrisme. Les principaux courants de l’éthique environnementale sont ainsi présentés très succinctement. Les chapitres suivants sont consacrés à l’économie de la biodiversité et aux politiques publiques qui la prennent en charge. Vincent Devictor souligne les liens entre l’écologie scientifique, les débats moraux sur la valeur intrinsèque de la nature, l’importance d’accompagner son évolution tout en la préservant, l’usage économique et politique qui en est fait. Toute la complexité du terme « biodiversité » prend son sens : employé d’abord par les écologues pour alerter les pouvoirs publics sur l’érosion du vivant, il devient un terme largement approprié, sans pour autant qu’on en saisisse toujours l’importance et l’urgence. Pour  V. Devictor, les principales mesures économiques et politiques (la monétarisation des écosystèmes et les mesures compensatoires notamment) ne sont pas à la hauteur des enjeux de la biodiversité, même si elles sont le signe d’une prise en charge plus active de ces questions. On pourra reprocher à l’auteur d’en rester à une fausse neutralité, un peu hypocrite, même si bien intentionnée : il accorde à chaque courant éthique et à chaque mesure politique des bienfaits et des limites pour ne pas trahir l’objectif d’une synthèse exhaustive des débats liés à la biodiversité. Le défi qu’il s’est lancé est réussi. Son ouvrage est une recension aussi large qu’efficace, mais on peut regretter les manques qu’engendre cette démarche. Bien des passages sont quelque peu rapides et certains auteurs sont mobilisés de façon superficielle… Au lecteur de creuser par lui-même désormais !

Clémence Guimont
15 avril 2015
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