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Une question de taille

Olivier Rey Stock, 2014, 276 p., 20 €

Cet essai s’ouvre et se clôt sur des ruines et des catastrophes, qui seraient à la hauteur du gigantisme et de l’artificialité d’un monde sans plus de repère. Entre ces deux énoncés, on navigue à la recherche d’un sens de la limite et de la mesure, des échelles et des proportions. Car selon Olivier Rey, mathématicien et philosophe, « pour tout type de technique, d’activité ou d’organisation, il existe un seuil au-delà duquel le développement devient contre-productif et nuit à la situation qu’il était censé améliorer ». L’auteur s’attaque donc aux « multiples crises de la démesure auxquelles nous sommes confrontés », qu’il s’agisse des grandes villes contemporaines, des modes de transport, de la morale ou encore de la différence homme/femme... Si l’auteur le plus cité est Ivan Illich (suivi par Leopold Kohr), le livre foisonne de références littéraires (et poétiques), philosophiques, bibliques et cinématographiques relevant d’univers très divers, qui veulent illustrer la thèse avancée. De fait, les métaphores, changements de registre et comparaisons osées (comme le parallèle entre un ex-voto athénien et le nouveau logo du CNRS pour illustrer la volonté moderne d’illimité), mais aussi la généralité de certains propos (« plus personne ne sait comment vivre ») risquent de nuire à la démonstration. De même, les pistes avancées pour contrer l’impuissance dans laquelle seraient plongés les individus face à un monde trop grand pour eux – constitution de communautés de vie à une échelle plus modeste, retour à une certaine sobriété et à la décence – restent quelque peu générales. Si l’on apprécie la franchise de la critique, son objet aurait sans doute gagné à être bien mieux circonscrit.

Jean Vettraino
12 mars 2015
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